Assemblée des copropriétaires et prise de décisions

L'assemblée des copropriétaires et prise de décisions en Suisse

En Suisse, l’assemblée des copropriétaires constitue l’organe suprême de la communauté de propriétaires par étages (PPE). Elle joue un rôle fondamental dans la gestion et l’administration de l’immeuble en copropriété. Cette instance décisionnelle réunit l’ensemble des copropriétaires pour débattre et statuer sur les questions relatives à la copropriété. La prise de décisions au sein de l’assemblée obéit à des règles précises, définies par le Code civil suisse et le règlement de copropriété. Ces mécanismes visent à garantir une gestion équitable et efficace de la copropriété, tout en préservant les droits individuels des copropriétaires.

Cadre légal et réglementaire de l’assemblée des copropriétaires

Le fonctionnement de l’assemblée des copropriétaires en Suisse s’inscrit dans un cadre juridique bien défini. Le Code civil suisse, notamment les articles 712a à 712t, pose les bases légales de la propriété par étages et régit les aspects essentiels de l’assemblée des copropriétaires. Ces dispositions sont complétées par le règlement d’administration et d’utilisation, document spécifique à chaque copropriété.

Le Code civil suisse définit les compétences de l’assemblée, les modalités de convocation, les règles de quorum et de majorité pour la prise de décisions. Il établit un équilibre entre les droits individuels des copropriétaires et les intérêts collectifs de la communauté.

Le règlement d’administration et d’utilisation, quant à lui, précise les modalités pratiques de fonctionnement de l’assemblée. Il peut notamment fixer des règles plus strictes que celles prévues par la loi en matière de majorité requise pour certaines décisions.

Compétences de l’assemblée des copropriétaires

L’assemblée des copropriétaires dispose de compétences étendues pour la gestion de la copropriété. Parmi ses attributions principales, on trouve :

  • L’adoption et la modification du règlement d’administration et d’utilisation
  • La nomination et la révocation de l’administrateur
  • L’approbation des comptes annuels et du budget
  • La décision sur les travaux d’entretien et de rénovation
  • La résolution des litiges entre copropriétaires

Ces compétences soulignent le rôle central de l’assemblée dans la vie de la copropriété. Elle est l’organe souverain qui oriente la gestion de l’immeuble et prend les décisions majeures affectant l’ensemble des copropriétaires.

Organisation et déroulement de l’assemblée des copropriétaires

L’organisation et le déroulement de l’assemblée des copropriétaires suivent des procédures précises, visant à garantir la transparence et l’efficacité des débats. La convocation de l’assemblée constitue la première étape cruciale de ce processus.

Convocation de l’assemblée

La convocation à l’assemblée des copropriétaires doit être envoyée par l’administrateur ou, à défaut, par le président de l’assemblée, au moins 20 jours avant la date prévue. Cette convocation doit contenir l’ordre du jour détaillé, permettant aux copropriétaires de se préparer aux discussions et aux votes. Les points non inscrits à l’ordre du jour ne peuvent en principe pas faire l’objet d’une décision lors de l’assemblée, sauf accord unanime des copropriétaires présents.

Tenue de l’assemblée

Lors de l’assemblée, un président de séance est désigné pour diriger les débats. Un secrétaire est chargé de rédiger le procès-verbal. L’assemblée suit l’ordre du jour établi, abordant successivement chaque point pour discussion et, le cas échéant, pour vote. Les copropriétaires ont le droit de s’exprimer sur chaque sujet, de poser des questions et de formuler des propositions.

Représentation et procurations

Les copropriétaires peuvent se faire représenter à l’assemblée par un mandataire, qui peut être un autre copropriétaire ou un tiers. La procuration doit être écrite et spécifique à l’assemblée en question. Certains règlements de copropriété peuvent limiter le nombre de procurations qu’un mandataire peut détenir, afin d’éviter une concentration excessive des pouvoirs.

Mécanismes de prise de décisions

La prise de décisions au sein de l’assemblée des copropriétaires repose sur des mécanismes précis, visant à concilier les intérêts individuels et collectifs. Ces mécanismes s’articulent autour de règles de quorum et de majorité, qui varient selon la nature et l’importance des décisions à prendre.

Quorum

Le quorum représente le nombre minimal de copropriétaires devant être présents ou représentés pour que l’assemblée puisse valablement délibérer. En règle générale, le Code civil suisse exige la présence ou la représentation de la moitié des copropriétaires, possédant au moins la moitié des quotes-parts. Si ce quorum n’est pas atteint, une seconde assemblée peut être convoquée, qui pourra délibérer quel que soit le nombre de copropriétaires présents ou représentés.

Règles de majorité

Les décisions de l’assemblée sont prises selon différentes règles de majorité, en fonction de leur nature :

  • Majorité simple : pour les décisions courantes de gestion, la majorité des copropriétaires présents ou représentés suffit.
  • Majorité qualifiée : certaines décisions importantes requièrent une majorité plus large, comme la majorité des copropriétaires représentant au moins deux tiers des quotes-parts.
  • Unanimité : les décisions les plus fondamentales, comme la modification de la destination de l’immeuble, nécessitent l’accord de tous les copropriétaires.

Ces règles de majorité visent à protéger les intérêts de la communauté tout en respectant les droits individuels des copropriétaires. Elles permettent d’éviter qu’une minorité ne bloque systématiquement les décisions, tout en empêchant qu’une majorité n’impose des changements fondamentaux sans un large consensus.

Contestation des décisions de l’assemblée

Malgré les mécanismes mis en place pour assurer l’équité des décisions, il peut arriver que certains copropriétaires contestent les résolutions adoptées par l’assemblée. Le droit suisse prévoit des voies de recours pour ces situations, tout en encadrant strictement les conditions de contestation pour préserver la stabilité de la gestion de la copropriété.

Motifs de contestation

Les décisions de l’assemblée peuvent être contestées pour plusieurs raisons :

  • Non-respect des règles de convocation ou de tenue de l’assemblée
  • Violation des dispositions légales ou réglementaires
  • Atteinte aux droits légaux ou statutaires d’un copropriétaire
  • Abus de droit de la majorité au détriment de la minorité

La contestation doit être fondée sur des motifs sérieux et ne peut pas simplement exprimer un désaccord avec la décision prise.

Procédure de contestation

Le copropriétaire souhaitant contester une décision doit agir rapidement. Le délai pour intenter une action en justice est généralement de 30 jours à compter de la décision contestée. Cette action doit être introduite devant le tribunal compétent du lieu de situation de l’immeuble.

Pendant la procédure, la décision contestée reste en principe valable et exécutoire, sauf si le juge en décide autrement par le biais de mesures provisionnelles. Cette règle vise à ne pas paralyser la gestion de la copropriété pendant la durée de la procédure.

Conséquences de l’annulation d’une décision

Si le tribunal annule la décision contestée, celle-ci est considérée comme nulle et non avenue. L’assemblée des copropriétaires devra alors se réunir à nouveau pour prendre une nouvelle décision sur le sujet, en tenant compte des motifs d’annulation énoncés par le tribunal.

Implications actuelles et rôle des avocats

La gestion des copropriétés en Suisse fait face à des défis croissants, liés notamment à la complexification des normes techniques et environnementales, ainsi qu’à l’évolution des attentes des copropriétaires en matière de confort et de services. Ces changements ont des répercussions directes sur le fonctionnement des assemblées de copropriétaires et la prise de décisions.

Complexification des enjeux

Les assemblées de copropriétaires sont de plus en plus confrontées à des questions techniques complexes, notamment en matière de rénovation énergétique ou d’adaptation des immeubles aux nouvelles technologies. Ces sujets nécessitent souvent l’intervention d’experts pour éclairer les décisions des copropriétaires. La prise de décision devient ainsi un processus plus élaboré, requérant une préparation approfondie et une communication claire auprès des copropriétaires.

Digitalisation des processus

La tendance à la digitalisation touche également les assemblées de copropriétaires. De plus en plus de copropriétés expérimentent des formes de participation à distance ou de vote électronique, tout en veillant à respecter les exigences légales en matière de tenue des assemblées. Cette évolution soulève de nouvelles questions juridiques quant à la validité des décisions prises par ces moyens.

Rôle des avocats spécialisés

Dans ce contexte, le recours à des avocats spécialisés en droit de la copropriété devient de plus en plus fréquent. Ces professionnels peuvent intervenir à plusieurs niveaux :

  • Conseil en amont des assemblées pour la préparation des ordres du jour et la formulation des résolutions
  • Assistance lors des assemblées pour garantir le respect des procédures et la validité des décisions
  • Représentation des copropriétaires ou de la copropriété en cas de litige
  • Accompagnement dans la mise en œuvre des décisions, notamment pour les projets complexes

L’intervention d’un avocat peut s’avérer particulièrement précieuse pour naviguer dans la complexité croissante du cadre juridique et réglementaire de la copropriété. Elle permet de sécuriser les processus décisionnels et de minimiser les risques de contestation des décisions.

Vers une gestion plus professionnelle

Face à ces évolutions, on observe une tendance à la professionnalisation de la gestion des copropriétés. Les administrateurs sont de plus en plus sollicités pour apporter une expertise non seulement administrative, mais aussi technique et juridique. Cette professionnalisation se traduit par une préparation plus poussée des assemblées, une documentation plus détaillée des décisions et un suivi plus rigoureux de leur mise en œuvre.

En définitive, l’assemblée des copropriétaires reste l’organe central de la prise de décision dans les copropriétés suisses. Toutefois, son fonctionnement évolue pour s’adapter aux nouveaux enjeux et aux attentes des copropriétaires. La combinaison d’une expertise juridique solide, d’une gestion professionnelle et d’une participation active des copropriétaires apparaît comme la clé pour relever les défis actuels de la copropriété en Suisse.

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